Pendant près d’un quart de siècle, Roger Federer a incarné Nike. Son élégance, son aura, sa silhouette sur le court… tout semblait lié à la marque américaine. Alors, le jour où Nike lui propose un contrat largement réduit, persuadée que la fin de sa carrière approche, personne n’imagine que Federer dira non. Dix millions par an pour l’un des athlètes les plus respectés du monde : pour beaucoup, c’était déjà énorme.
Mais Federer fait quelque chose d’inattendu : il refuse.
Ce simple “non” étonne l’industrie du sport. Très peu d’athlètes osent tourner le dos à Nike. Mais Federer n’est pas en train de perdre la raison : il s’apprête à réécrire sa propre histoire.
Quelques semaines plus tard, il signe avec Uniqlo un contrat colossal estimé à 300 millions de dollars. Un accord historique… avec un détail surprenant : la marque japonaise ne fabrique aucune chaussure de sport. Le champion se retrouve donc sans équipementier pour ses pieds.
Toutes les grandes enseignes flairent alors l’opportunité : Adidas, Puma, et bien d’autres tentent leur chance. Et pourtant, Federer décline encore.
Pourquoi ?
Parce qu’il a découvert une toute petite entreprise suisse, fondée par trois amis. Une marque née d’un prototype bricolé avec des morceaux de tuyaux d’arrosage. Rien de prestigieux. Rien d’extraordinaire. Mais Federer voit ce que personne d’autre ne voit : un potentiel mondial.
Cette fois, le Maestro ne veut pas être seulement l’ambassadeur d’un logo. Il veut être acteur du projet. Il investit environ 50 millions de dollars, imagine avec l’équipe une ligne complète de chaussures, et participe directement à la vision de la marque.
Un engagement rare dans l’univers du sport.
Mais un obstacle persiste : Nike possède encore le logo “RF”. Federer ne peut même plus utiliser ses propres initiales, pourtant emblématiques. Une situation qui révolte les fans, au point que la pression publique devient immense.
Après de longues négociations, Nike finit par restituer le logo au champion. Federer récupère son identité visuelle… et poursuit son aventure entrepreneuriale.
La petite marque suisse, On Running, entre en Bourse. Valorisation : 11 milliards de dollars. La part de Federer est alors estimée entre 375 et 500 millions de dollars. Soit près de trente fois plus que ce que Nike lui offrait quelques années plus tôt.
Aujourd’hui, l’entreprise dépasse les 15 milliards en capitalisation… et Federer court avec les chaussures qu’il a contribué à créer.
Une leçon simple se dégage de cette histoire :
croire en son intuition peut transformer un risque en victoire historique.
Roche magazine



