Accord de Washington : un “grand miracle” annoncé, une paix encore incertaine entre la RDC et le Rwanda

À Washington, ce jeudi 4 décembre, un accord présenté comme “historique” a été signé entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, sous la médiation directe du président américain Donald Trump. Un texte ambitieux, censé mettre fin à des décennies de tensions meurtrières dans la région des Grands Lacs. Pourtant, au moment même où les stylos se posaient sur le papier, les combats se poursuivaient sur le terrain, rappelant la fragilité de cette paix tant espérée.

Une signature sous haute tension

Les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont paraphé le document sans échanger un regard, ni poignée de main. Une scène froide, presque silencieuse, contrastant avec l’enthousiasme affiché par Donald Trump. Pour le dirigeant américain, cet accord représente “un grand miracle” et ouvre, selon lui, un nouveau chapitre pour les deux nations. Il est même allé jusqu’à prédire que les deux dirigeants africains passeront “beaucoup de temps à se donner des accolades et se tenir la main” dans l’avenir.

La réalité de la salle racontait toutefois une autre histoire. Les visages fermés, les gestes prudents, et l’absence totale d’interactions directes entre les deux chefs d’État traduisaient les profondes méfiances encore présentes, malgré la diplomatie américaine déployée pour cette rencontre.

Le contenu d’un accord ambitieux

Le texte signé à Washington prévoit plusieurs volets :

  • un cessez-le-feu immédiat et permanent,
  • le désarmement des groupes armés présents dans l’est de la RDC,
  • le retour des déplacés internes,
  • des mécanismes de justice pour les crimes commis,
  • ainsi qu’un important programme de coopération économique.

Ce dernier point vise à encourager une intégration régionale, notamment dans les secteurs minier et énergétique, où la RDC représente un acteur mondial incontournable.

Félix Tshisekedi a salué “un nouveau chemin”, tout en reconnaissant la difficulté du processus. Paul Kagame, de son côté, a évoqué l’importance de “maintenir un dialogue ouvert”, tout en restant conscient des futurs obstacles.

Un accord historique, mais fragile

Malgré les promesses, la situation sur le terrain est venue assombrir l’optimisme de la cérémonie. Dans l’est congolais, les combats ont repris quelques heures seulement après la signature. Les affrontements impliquant des groupes armés et des forces soutenues par le Rwanda témoignent de la complexité de la crise et de l’ampleur des défis à relever.

Les observateurs internationaux parlent d’un texte au potentiel immense, mais dont l’efficacité dépendra exclusivement de sa mise en œuvre. Le désarmement effectif, la stabilisation des zones de conflit et la protection des populations civiles restent les points les plus délicats d’un processus déjà qualifié de “fragile” par de nombreux diplomates.

Entre espoir et prudence

L’accord de Washington marque une étape symbolique importante dans l’histoire des relations tumultueuses entre la RDC et le Rwanda. Il offre un cadre, une direction, et une volonté affichée de mettre fin à des années de violence. Mais il laisse également planer une grande prudence. La paix ne se décrète pas dans une salle de conférence ; elle se construit sur le terrain, jour après jour, dans la confiance, le respect mutuel et l’engagement concret.

Pour les populations de Goma, de Rutshuru, de Masisi et de tant d’autres régions meurtries, cet accord représente un souffle d’espoir. Un espoir qui ne demande qu’à devenir réalité, à condition que les deux pays, accompagnés de la communauté internationale, transforment enfin les promesses en actions.

L’histoire retiendra la date du 4 décembre comme celle d’une signature. Reste à savoir si elle deviendra celle d’un véritable tournant.

Roche Magazine

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